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L'arrivée est au bout
3 mars 2015

La première fois que...j'ai cru ne pas pouvoir rentrer

La première fois que j'ai cru ne pas pouvoir rentrer.

 

Je m'en rappelle bien puisque c'était hier. C'est d'ailleurs ce qui a fait germer cette envie de blog. Quand j'ai finis par rentrer je me suis dit que, si je continuais  à m'entraîner sérieusement, je ne revivrai peut être plus jamais cette sensation et qu'en garder une trace pourrait être sympa pour plus tard. Pour quand je serai vieux ou pour quand j'aurais une baisse de motivation. Ou quand quelqu'un à qui on ne promettra pas forcement un avenir rose sur le point physique aura besoin de soutient. Ou juste pour moi. Ou pour ceux qui s'intéresseront à mon parcours. Peu importe en fait.

Hier donc, on était lundi. Jour quasi habituel de ma première sortie de la semaine. Je devais courir avec Fleur mais celle-ci ayant été retenue par le travail je suis finallement sortis seul avec l'envie, assez rare pour être soulignée, de me vider la caisse. Moi qui préfere plutôt courir longtemps que vite, tout est relatif bien entendu vu que je n'ai commencer à courir sérieusement que depuis début décembre, j'avais envie de me faire mal aux jambes et aux poumons. Je n'allais pas être déçu.

Le départ est programmé pour 15h30 après un repas équilibré et une bonne sieste. 15h25 je suis prêt. 15h26 j'ouvre la porte. 15h26  il se met à pleuvoir. C'est pas comme s'il faisait beau jusque là. Bref, habitant où l'on habite ce n'est ni une surprise ni quelque chose qui sort de l'ordinaire. J'attrape une veste supplémentaire sous mon coupe vent, une paire de gants, un bonnet et c'est parti pour une séance "cardio". Le menu est à la fois simple et exigeant pour un coureur comme moi: 1km500 de plat à vitesse habituelle, 500m en faux plat montant à bloc, de nouveau 1km à vitesse réduite pour revenir au point de départ du "sprint" pour de nouveau 500m à bloc. Simple mais exigeant. La difficultée est de revenir à un rythme habituel quand il est tellement tentant de s'arrêter. Lors d'une précédente sortie j'avais réussi à faire 3 sprints pour l'inauguration de cet entraînement. Le premier sprint j'étais partis bien trop vite et le dernier je l'avais fait au mental mais je l'avais fait à bloc. Ne manquait qu'un chronomètrage pour pouvoir visualiser tout ça. J'allais y rémédier cette fois-ci.

Après un kilomètre à me battre avec la pluie, avec les conditions météo et avec mon chronomètre me voilà arrivé à cette ligne que je me suis moi même fixé. il est temps de se faire mal. Par plaisir. Impossible de savoir pourquoi mais j'avais cette envie là. Pas de soucis professionnel, pas de soucis de couple ou de famille. Rien de tout ça, juste une envie de s'exploser comme poussé par une force intérieure. J'accélere. Je sens que je pars vite. Trop vite. Forcement. Arrivé aux 250m mes poumons brûlent, ma bouche est pleine de salive. Je crache comme je peux, je respire comme je peux. Plus que quelques dizaines de mètres et je jette un coup d'oeil au chrono. Allez! Un effort et je passe sous les 2 mins. La tête veut mais les jambes ne suivent pas. Ligne d'arrivée et le verdict tombe: 2mins 02secondes. Tant pis pour les deux minutes. De toute façon là, j'ai juste envie de m'arrêter. Ou de mourir. Ou de n'importe quoi d'autre que de courir. Surtout ne pas s'arrêter. Reprendre un rythme normal. Je remets la musique, me dit que j'aurais du courir un peu plus avant d'attaquer mes séries de sprint, que mon corps et ma volonté ne sont probablement pas encore en phase. 2mins 02secondes. Il faudra faire au moins aussi bien sur les prochaines séries. Une de passée, encore trois. Ca va être dur. Le souffle est revenu, le sourire aussi. En route pour la seconde série.

La ligne de départ se rapproche. La tête est là mais les jambes semblent hésitantes. Ne pas réflechir, ne pas se chercher d'excuses. Ligne. J'accélere. Les jambes brûlent, les poumons aussi. J'arrive à la moitié de mon sprint et me rend réellement compte pour la première fois que cette partie de la route est tout de même un sacré faux plat montant. Ce n'est pourtant pas faut de la prendre quasiment deux fois par semaine depuis trois mois. Non, ce n'est qu'à de moment là que je le réalise vraiment. Je pense à ça donc je ne pense pas à mon sprint. Plus que quelques mètres. J'ai mal partout mais je tiens. Arrivée. 1mins 55secondes. J'ai mal mais c'est bon. J'ai de nouveau l'impression que je vais exploser de l'intérieur mais cette fois au moins je mourrai avec le sourire. Deux séries de faîtes, la moitié du chemin. Il ne devrait pas y avoir de soucis pour les deux autres. La volonté est là mais les jambes commencent à être lourdes alors que déjà se rapproche la ligne de départ.

Ligne. Accélération. Même endroit, même rituel. Cette fois ça va pas être possible. J'essaye même pas de partir à bloc, juste de partir vite. Avec un peu de chance je tiendrais ce rythme jusqu'au bout. 250 mètres. Punaise, seulement 250 mètres. Je souffle comme un chameau, mes jambes ne se soulèvent plus. Encore 100 mètres. Plus ou moins. J'en sais rien mais purée c'est loin. Je vais vomir. Ou mourir. Ou les deux. Un oeil sur le chrono. Bonne surprise je suis pas mal du tout. Plus régulier et tout aussi rapide. Enfin j'arrive à la hauteur du panneau qui met fin à mon calvaire. 1min 59secondes. Réglé comme une horloge malgré le fait que ce soit la troisième série que j'achève. Sur le coup c'est plutôt elle qui m'achève. Impossible de penser à la satisfaction du chrono. Cette fois ci je n'ai pas l'impression que je vais mourir, j'ai l'impression de déjà l'être. Mon coeur va exploser. Je ne suis que respiration, l'envie de vomir me monte et mes jambes sont en coton. Je continue de courir pourtant. Mon esprit reprend petit à petit le dessus. Plus qu'une série. Encore une. Il ne pleut plus. Je pose en passant mes gants et mon bonnet, histoire de mieux respirer. Ou de m'alléger. Ou de je sais pas quoi en fait.

Bientôt le départ. Mon estomac semble se serrer comme avant d'avaler un citron à jeun. Ne pas penser. Si, penser qu'après celle-ci la série sera finie et que je pourrais rentrer fièrement. Ligne. Accélération. Ca ne fait plus mal car je ne pense plus. A bloc. Jusqu'au bout. Le léger virage puis le panneau au bout. Là bas. Peu importe la douleur il faut tenir. Plus que quelques mètres et l'oeil se porte sur le chrono. Allez! Je suis cuit mais les 2mins sont jouables. Aller chercher au fond ce qui reste. Tout au fond. Arrivée. 2mins pile, comme un symbole. Sourire. Ne pas s'arrêter sinon les crampes ne rateront pas cette occasion je le sens. Je vais jamais pouvoir rentrer et encore il me faut retourner une dernière fois sur la boucle pour être sûr de la distance.

J'arrive au niveau de la ligne. Coup d'oeil au GPS. Pas au chrono. De toute façon je serais incapable d'accélérer même si je le voulais. Ce faux plat me paraît un cauchemar. J'arrive au panneau. Gps. 500 mètres.  Demi tour. Je rentre. Tellement fatigué que je ne veux pas finir la boucle, mes jambes semblent peser une tonne. Je préfere faire demi-tour et profiter du faux plat...en descente cette fois pour aller chercher gants et bonnet. 500 mètres. Allez plus qu'un kilomètre et au bout la maison. Et là, la prise de conscience. Je suis vidé mais j'ai atteint mon objectif et j'ai assez de forces pour rentrer chez moi. Juste assez, juste ce qu'il faut. Remettre la musique. Se redresser. Relever la tête. Sourire. Profiter.

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L'arrivée est au bout
  • Quand on se met à courir, l'arrivée est au bout. Là-bas, au bout du paysage, au bout de nos forces quelques fois, au bout de nous mêmes parfois, quand seule la volonté permet de franchir la limite que l'on pensait inatteignable
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