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L'arrivée est au bout
22 mai 2016

Trail "les sentiers de la résistance": 15kms et 550m de D+

 

 

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Ce trail était noté depuis un moment sur mon calendrier. Donzenac n'est qu'à une heure de voiture et la distance me convient mieux qu'un 10kms par exemple. J'avais donc calé ma dernière semaine de préparation sur cette course alors que j'avais surtout travaillé la vitesse dernièrement. A ce propos, même si ce n'est pas ce qui nous intéresse aujourd'hui, je suis descendu sous les 4mins/km pour la première fois il y a une dizaine de jours. De l'ordre de 3"50 puis 3"45 mais je dois avouer que j'ai mis plusieurs jours à m'en remettre. Ceci étant dit, revenons à nos moutons. Mon programme récent fut particulièrement light en prévision de ce dimanche matin forestier : une sortie longue jeudi dernier avec un 18kms peu emballant en terme de sensation puis, comme j'avais du mal à récupérer, une seule micro-sortie de 6kms mardi, faîte cette fois encore avec peine. Depuis rien. Ni sortie ni renforcement musculaire, même pas un peu de gainage. Je me sentais fatigué et j'enchaînais les grosses journées au boulot, il ne me semblait donc pas opportun de tirer sur la corde sachant qu'il y a plusieurs courses intéressants dans les semaines à venir.

Grand bien m'en a pris puisque qu'après plusieurs soirs à me coucher de (très) bonne heure, je me suis levé ce matin sans douleur et en forme. J'avais mal à la cuisse droite hier, encore, mais n'ayant pas fait d'effort particulier j'en ai vite conclus que cette cuisse me fera toujours mal les veilles de course. Le ciel non plus n'avait pas fait d'effort puisque les 35 degrés d'hier avaient laissé place à un véritable déluge durant la nuit. Pas grave, je ne me suis pas levé à 6hrs du mat' pour me laisser freiner par la météo et puis Donzenac, c'est pas la cote d'Azur mais bon,c'est à côté de Brive et Brive point de vue météo ce n'est plus vraiment la Corrèze que je connais. Le destin sembla me donner raison puisqu'une fois passé Egletons le ciel était plutôt beau. Du moins il ne pleuvait pas. J'arrivais sur le lieu du départ à 8h20 pour une course pévue à 9h30. Le temps de m'inscrire, de me changer, de soulager une envie dans les bois, ça me rappela l'époque des tournées pour l'épicerie, de m'échauffer, il ne resta plus grand chose avant le top départ.

Pour être franc je n'en menais pas large. Autour de moi il me semblait ne voir que des licenciés, des mecs affutés et peu de coureurs du dimanche. Je savais pas non plus comment m'équiper : coupe-vent ou non, sac à dos ou non, alimentation ou non c'était un peu l'incertitude. J'entendais autour de moi que deux ravitaillements étaient prévus, ce qui me semble énorme pour un 15kms, et voyais que la plupart de mes comparses du dimanche matin sportif ne prenait rien.J'optais tout de même de prendre mon sac à dos tout en prenant soin de vider de moitié ma réserve d'eau. Pas de coupe-vent le ciel était plutôt beau. Sauf qu'à 9h20 ce fut le déluge corrèzien que j'avais quitté deux heures plus tôt qui décida de se mêler à la fête. Le temps d'un aller-retour express à la voiture pour prendre mon coup-vent et il ne restait que deux minutes avant le départ. Le troupeau de coureurs que nous sommes, entassé sous une bâche pour nous protéger de la tempête, écouta attentivement le speaker annoncé que le terrain était hyper glissant et que nous devions marcher lors de notre traversée des Pans et faire attention dans les descentes. Il était l'heure mais personne ne semblait vraiment pressé d'affronter les intempéries.

Tout le monde se plaça pour le départ et, pour dire vrai, je le fis mais mal. Résultat dans les Pans je me retrouvais bloqué en queue de peloton et un peu plus tard à la sortie du site, magnifique au passage, lorsque je réussis à voir derrière moi grâce à un virage en montée, je vis qu'il n'y avait pas grand monde derrière. Pas grave je me sentais bien. J'avais choisis de courir sans musique et cela me paraît plus que profitable. On est moins dans l'automatisation sans, surtout lors des montées de fin de course. On a moins tendance à se caler sur le rythme et surtout sur l'attitude des autres concurrents mais plutôt sur son corps et ses sensations. Assez vite je me mis à ratrapper des coureurs et personne ne me doublait. Le premier ravitaillement arriva plus que rapidement, au 3 ou 4eme kilomètre je pense, et peu après on attaqua la forêt.

Il faut que j'achète des chaussures de trail. Cette fois c'est sûr. J'avais eu quelques difficultée lors du trail des Monèdieres mais là ce fut vraiement compliqué. La terre déjà humide de part les pluies des derniers jours, ne ressemblait à de la terre qu'à de brefs endroits. Le reste du temps c'était plutôt de la grosse boue, des flaques ou un espèce d'amas causé par la pluie qui, redoublant de vigueur, avait ravinée la terre. Je continuais à remonter au classement mais je continuais à évoluer sur un fil. La bonne nouvelle est que mon sens de l'équilibre est plutôt poussé. La mauvaise est que toutes les meilleures choses ont une fin et je finirais par déraper après le passage de (tout petit) cours d'eau. Mis à part de la terre et un genou qui a frotté par grand chose à signaler donc je continuais sereinement avec mes compagnons de galère: un mec en orange fluo qui me servit longtemps de poisson pilote (et à qui je servis encore plus longtemps de poisson pilote par la suite!), une nana sur qui j'étais revenu un peu plus loin derrière et deux anciens à une centaine de mètres devant moi me servant de point de repère. Je finis par les rejoindre un moment mais ils finiront devant moi. Costaud l'ancienne génération. Peut être étaient-ils à Dien Bien Phu remarque, ce qui leur donne un avantage considérable puisque pour eux ce temps n'était pas une découverte. Pour moi courir dans la forêt sous le déluge ne fait pas parti de mes plaisirs de la vie. Je plaisante bien sûr. Plus serieusement c'est dingue la moyenne d'âge sur ces courses.

 

La course se continait paisiblement entre descentes, montées, boue et flaques. Le parcours est vraiment sympa. Bien moins dur que les Monedières mais quasi exclusivement dans la forêt donc par temps sec ce doit être vraiment sympa. Pour être franc je ne pense pas à ça à ce moment là. J'aimerais juste savoir combien de kilomètres avons-nous parcouru. Lorsque j'ai demandé aux (nombreux) bénévoles dispersés tout au long du parcours combien de kilomètres il restait, j'ai eu le droit à "4 ou 5" par 3 personnes différents que je dirais espacées de...3 ou 4 kms. Sachant qu'on m'avait annoncé depuis un moment la mi-parcours je ne savais pas à quoi m'en tenir. Par contre je compris peu après pourquoi le premier ravitaillement était si près du départ lorsque je fus surpris de croiser une bénévole m'encourageant pour la seconde fois: nous avions réalisé une boucle dans la forêt ! L'arrivée était proche. Je doublais moins de monde par contre toujours personne pour me revenir dessus. Mon copain en orange semblait distancé, seule la coureuse était à une centaine de mètres de moi. Orgueil macho tout pourri je ne comptais pas me faire dépasser et, puisque mon souffle allait bien et mes jambes pas trop mal, je décidais d'accélérer de nouveau. Je savais bien que ce pouvait être risqué mais l'arrivée étant proche je pensais qu'au pire j'aurais finis cramé mais pas isolé au milieu des bois. J'arrivais dans une grosse descente en milieu hostile. Comprendre par là: TRES GLISSANT. Forcement un chemin de terre hyper pentu à descendre à vive allure sous le déluge c'était risqué et j'y allais pas avec le dos de la cuillère. C'est moi qui la fis la cuillère lorsque je dérapa. Je m'écrasais de tout mon long dans la descente et mon épaule resta bloquée derrière moi. Sous moi aussi. Et pas dans la bon sens. En gros j'ai ramassé et j'ai mal. Je n'ai pas encore dormis mais j'ai bien peur que ce soit moche demain matin.

Les trois anciens que j'avais en ligne de mire s'échappèrent et je décida de ralentir pour prendre moins de risque. En fait je ne décida rien pour être franc, mon corps s'en chargea. On arriva assez vite dans les Pans après avoir traversé le village et je me sentais bien. Fatiqué mais bien, heureux. Je le fus moins lorsqu'alors que j'avais rejoints un coureur, une dernière surprise se présenta: une espèce de tout de guet, ou d'observation, de quatre étages à franchir. Sans ascenseur bien sûr. Mon nouveau meilleur copain du dimanche me conseilla quand il entendit ma surprise: "monte les marches deux à deux et souffle bien". Merci à lui parce que je l'ai écouté sur les trois permiers étages et ça a marché. Forcement comme ça marchait bien j'ai voulu changer de technique pour le dernier et j'ai cru sentir mes mollets explosés. Une fois la tour infernale franchie une voix se fit entendre au loin" allez c'est la dernière difficultée, lâchez tout ! ". C'étaient deux mecs de l'encadrement qui m'encourageaient. Bon, ils le font à tout le monde mais comme j'étais tout seul, le guide des marches étant loin, je me sentis comme Rocky Balboa à l'entame de son dernier round et je lâcha tout pour cette dernière bosse d'une centaine de mètres. Une fois en haut je pris quand même le temps de chambrer mes motivateurs sur la perversité de cette tour. Il restait deux cents mètres de descente et j'étais bien. Fatiqué, rien de plus normal, mais pas cramé.

 

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Les heures passées à s'entraîner s'effacent à ce moment là. Je conseille à tout le monde de s'entraîner pour une course et de la finir dans cet état là. L'endorphine à fond je planais de bonheur. La voix du speaker me sortie de cette euphorie. Je n'entendis pas ma place mais mon nom "Loïc Touilliez qui arrive en 1h32. Bravo à lui". 1h32. J'avais calculé que si tout allait bien, j'allais finir entre 1h30 et 1h45. Là avec le déluge et deux gamelles je finissais en 1h32. Je planais grave. Au ravitaillement final je mangeais, je buvais mais je n'étais pas là. Une bénévole me demanda si tout allait bien et oui tout allait bien. Je n'avais jamais vécu cette sensation d'être là sans vraiment être là. Elle se prolongea encore un bon moment durant le trajet du retour. J'aime ces moments où je suis seul, fatigué et euphorique. C'est dur à expliquer mais c'est bon à vivre. C'est de se voir progresser, se voir dépasser ses limites et atteindre ses objectifs. C'est puissant et ça donne envie de continuer à s'entraîner pour revivre ces moments là.

Je finis finalement 33eme sur 74 donc très satisfait. Vivement la Grande Montée des Orgues voir quels progrès ais-je pu faire depuis l'an dernier. Avant cela probablement le 10kms à Ydes.

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L'arrivée est au bout
  • Quand on se met à courir, l'arrivée est au bout. Là-bas, au bout du paysage, au bout de nos forces quelques fois, au bout de nous mêmes parfois, quand seule la volonté permet de franchir la limite que l'on pensait inatteignable
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